Explication des données du Global Forest Watch sur la perte du couvert arboré en 2023  

Apr 04, 2024||8 minutes
Languages
Aerial footage of palm oil and the forest in Sentabai Village, West Kalimantan, 2017.

Aerial footage of palm oil and the forest in Sentabai Village, West Kalimantan, 2017.

-

Nanang Sujana/CIFOR

Languages
Category
  • Data & Tools
Topics
  • Brasil
  • forest change
  • Indoensia

Les nouvelles données du laboratoire GLAD de l’Université du Maryland (UMD) sur la perte de la couverture arborée, disponibles sur Global Forest Watch (GFW), indiquent une réduction des pertes de forêts primaires dans certains pays. Le taux global reste cependant constant en 2023. Que mesurent les données, quelles sont les différences cette année et quelle comparaison peut être faite par rapport aux autres estimations officielles de déforestation ? Voici ce qu’il faut savoir sur les nouvelles données. 

Qu’est-ce que la perte de couverture arborée et en quoi cela diffère-t-elle de la déforestation?   

Les données de l’UMD sur la perte de la couverture arborée compilent les pertes annuelles d’arbres mesurant plus de 5 mètres au cours des années civiles 2001 à 2023. Ces données comprennent la perte d’arbres dans les forêts naturelles ainsi que dans les plantations et les cultures arbustives (même s’il convient de préciser que les données sur les forêts primaires que nous utilisons pour filtrer les pertes dans les régions tropicales ne prennent pas en compte les plantations, les cultures arbustives et les forêts en cours de reboisement). La perte de cette couverture arborée peut être due à des causes humaines ou naturelles et peut être permanente ou temporaire.  

La déforestation diffère en ce sens qu’elle ne fait référence qu’à un changement permanent, causé par l’homme, de la forêt à une autre utilisation des terres. Certaines formes de perte de couverture arborée, comme la conversion d’une forêt naturelle en terres agricoles, sont considérées comme une déforestation, tandis que d’autres formes de perte de couverture arborée, comme la récolte de bois dans les forêts de plantation ou les perturbations naturelles, ne le sont pas — pour en savoir plus sur les différences, cliquez ici. La perte de couverture arborée, qu’elle soit due à la déforestation ou non, peut être légale ou illégale.  

Dans certains cas, comme avec le Targets Tracker, l’outil de suivi de la déforestation et de la restauration utilisé par Global Forest Review, nous utilisons un proxy pour estimer la déforestation. Ce proxy prend en compte les pertes dues à l’agriculture à petite échelle dans les forêts primaires tropicales humides et toute la déforestation liée aux commodités et à l’urbanisation (au sein des forêts primaires tropicales humides et en dehors). Les pertes temporaires, telles que résultant des incendies ou des activités forestières ne sont pas incluses. Nous n’utilisons pas le proxy de la déforestation dans tous nos rapports, car elle repose sur des données de résolution brute conçues pour limiter l’inclusion de pertes temporaires ou pertes dans les forêts plantées à l’échelle mondiale.  

Il reste difficile de suivre la déforestation à l’aide d’ensembles de données cohérents à l’échelle mondiale et il y a des retards inhérents à la confirmation du caractère temporaire ou permanent des pertes détectées par l’imagerie satellitaire. 

L’amélioration des données au fil du temps entraîne des incohérences dans les séries de données chronologiques 

Les ajustements des algorithmes et de meilleures données satellitaires ont amélioré les données de perte de la couverture arborée au cours du temps.  

Cette année, à l’algorithme de détection des pertes utilisé par l’Université du Maryland pour créer l’ensemble de données sur la perte de couverture arborée s’est ajouté l’ensemble de données sur les perturbations de terres DIST-ALERT. Les changements observés en fin de saison ne figurent parfois pas dans les données de perte de couverture arborée en raison d’un manque de données satellitaires ou de la couverture nuageuse. Ils sont alors attribués à l’année suivante. Les données DIST-ALERT ont montré des zones de perte de couverture arborée qui, à l’origine, n’avaient pas été relevées dans les données de perte de couverture arborée. Ces zones ont été étudiées et incluses manuellement dans les estimations de 2023.  

L’utilisation des données DIST-ALERT a en particulier permis de détecter les pertes survenues en fin de saison dues aux feux de forêts boréales et au déboisement dans les régions tropicales, pertes qui auraient autrement été comptabilisées dans les données 2024. Les données DIST-ALERT ont également contribué à détecter certaines pertes de couverture arborée dues aux inondations et à l’exploitation minière. Grâce aux alertes, il a été possible d’améliorer de 3,7 % la détection des pertes de couverture arborée à l’échelle mondiale. La plupart des changements ont affecté les régions boréales, l’augmentation n’ayant été que de 1,7 % pour le reste de la planète. Il est important de noter que la plupart des zones ajoutées auraient été détectées en 2024, nous ne pensons pas que ce changement dans l’approche cartographique pour 2023 aura un impact sur les tendances à long terme des données. 

Les modifications supplémentaires apportées à la série temporelle incluent des ajustements de l’algorithme pour les années 2011 à 2014 et 2015 et suivantes et l’incorporation des données Landsat 8 à partir de 2013. Ces modifications permettent de détecter plus facilement les changements à petite échelle, comme les pertes dues aux incendies, à la coupe sélective et à l’agriculture itinérante. Les variations dans la disponibilité des images satellites signifient également qu’il y a des incohérences dans la qualité et le nombre d’images disponibles pour capturer les données chaque année.  

Pour gérer ces incohérences, nous :  

  • Concentrons nos analyses sur les tendances après 2015.  
  • Évaluons la moyenne mobile sur trois ans pour interpréter les tendances à long terme.  
  • Ne tenons pas compte de l’augmentation des pertes après 2012 dans les régions dominées par l’agriculture à petite échelle, comme l’Afrique centrale.  

Qu’indique la perte de couverture arborée due aux incendies? 

En attribuant la probabilité de perte due aux incendies à chaque pixel de 30 mètres de perte de couverture arborée, les données de l’UMD sur la perte de couverture arborée nous permettent de distinguer les pertes dues aux incendies des autres pertes, séparant ainsi les données concernant les pertes dues aux incendies et celles dues à d’autres facteurs comme l’agriculture et l’exploitation forestière. Les données de perte de couverture arborée due aux incendies incluent les feux d’origine naturelle ou humaine entraînant une perte directe du couvert arboré. Les données capturent les incendies, les feux utilisés pour défricher la terre à d’autres fins et les incendies intentionnels entraînant une perte de la couverture arborée (ce qui inclut les feux allumés par des humains à des fins agricoles et de chasse, de loisirs ou les incendies criminels qui se sont propagés). Cependant, les cas dans lesquels les arbres sont tombés et ont ensuite été brûlés ne sont pas inclus étant donné que le facteur initial de la perte implique un enlèvement mécanique.  

Ces données nous permettent de mieux comprendre l’impact des incendies sur les données de perte de couverture arborée en 2023. Par exemple, les incendies ont joué un rôle particulièrement important en Bolivie et au Canada – pour en savoir plus sur nos conclusions sur les données 2023, cliquez ici

Même si les incendies entraînent rarement des changements permanents dans l’occupation des sols, ils sont néanmoins une source importante d’émissions de CO2 susceptibles d’entraîner des boucles de rétroaction créant une augmentation des émissions, une hausse des températures, des forêts plus sèches et plus de feux.  

Pourquoi nous concentrons-nous sur les tropiques?  

Dans notre analyse des données de l’UMD, nous nous concentrons principalement sur la perte du couvert arboré dans les forêts primaires tropicales. Cette focalisation est justifiée par le fait que les forêts tropicales représentent la grande majorité (plus de 96 %) des zones touchées par la déforestation dans le monde. La perte de ces forêts a un impact considérable sur la biodiversité et le stockage du carbone. Même si ces pertes sont finalement inversées, il faudra des décennies pour que ces habitats et ces stocks de carbone se reconstituent. De plus, une perte permanente de biodiversité est susceptible de se produire.  

Comment la perte du couvert arboré se compare-t-elle aux données officielles du Brésil et de l’Indonésie?  

Brésil  

Il est essentiel de comprendre les différences méthodologiques et définitionnelles entre PRODES, le système officiel de surveillance des forêts amazoniennes de l’Institut national brésilien de recherche spatiale (INPE), et les données de l’UMD lors de la comparaison de ces deux sources d’information. PRODES mesure la déforestation par coupes rases et les pertes forestières anthropiques résultant d’incendies sur des surfaces de plus de 6,25 hectares. En revanche, l’UMD enregistre les pertes du couvert forestier de plus de 0,09 hectare, incluant tous les arbres de plus de cinq mètres de haut. Ces deux mesures sont importantes pour comprendre l’évolution des forêts, car la déforestation, les incendies de forêt et les perturbations mineures du couvert forestier peuvent tous avoir un impact sur le climat, la biodiversité et les services écosystémiques.

En 2023, les deux systèmes indiquent une tendance à la baisse pour les pertes : 22 % de réduction pour PRODES et 39 % pour l’UMD (42 % pour les pertes qui ne résultent pas d’incendies) dans le biome amazonien, confirmant les nouvelles positives concernant l’Amazonie. 

Données PRODES vs UMD dans l’Amazonie brésilienne

Indonésie 

En superposant les données de perte de forêts primaires de l’UMD/GFW en 2023 à la carte officielle de la couverture terrestre en Indonésie, publiée par le ministère de l’Environnement et de la Foresterie (MoEF), on observe que 70 % des pertes sont survenues au sein des classes officielles de couverture forestière en Indonésie. Les 30 % restant concernent un mélange d’agriculture dans des zones arides, de zones arbustives, d’arbustes marécageux, et d’autres types de couverture terrestre. Environ 144 000 hectares de perte ont été trouvés à la fois dans les classes officielles de couverture forestière de l’Indonésie et avec une taille de parcelle supérieure à deux hectares. Sur ces 144 000 hectares, environ 15 000 étaient situés dans des zones légalement classées comme forêts primaires en Indonésie.  

Classe MoEF

Pourcentage de perte de forêts primaires selon les données UMD/GFW 2023

Forêt primaire

9%

Forêt secondaire

60%

Forêt de plantation

1%

Zones non forestières

30%

Category
  • Data & Tools
Topics
  • Brasil
  • forest change
  • Indoensia

Explore More Articles

Net forest greenhouse gas flux 2001-2022
Apr 26, 2024|Data & Tools|11 minutes

What’s New With GFW’s Forest Carbon Monitoring

Carbon monitoring data on GFW provides information on where forests are gaining or losing carbon. We updated the model in 2023 and 2024.

Aerial footage of palm oil and the forest in Sentabai Village, West Kalimantan, 2017.
Apr 04, 2024|Data & Tools|6 minutes

Global Forest Watch’s 2023 Tree Cover Loss Data Explained

New data shows persistent primary forest loss in 2023. What does the data measure and how does it compare to other official estimates of deforestation?

Ripe Cocoa pods from a cocoa farm in Ghana.
Feb 14, 2024|Data & Tools|10 minutes

Ending Deforestation from Cocoa in West Africa with New Data-Driven Resources

Two new data-driven resources provide a shared view of priority areas in West Africa and can help realize a a deforestation-free cocoa sector.

Explore More Articles
Net forest greenhouse gas flux 2001-2022
Apr 26, 2024|Data & Tools|11 minutes

What’s New With GFW’s Forest Carbon Monitoring

Aerial footage of palm oil and the forest in Sentabai Village, West Kalimantan, 2017.
Apr 04, 2024|Data & Tools|6 minutes

Global Forest Watch’s 2023 Tree Cover Loss Data Explained

Ripe Cocoa pods from a cocoa farm in Ghana.
Feb 14, 2024|Data & Tools|10 minutes

Ending Deforestation from Cocoa in West Africa with New Data-Driven Resources

fetching comments...